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Carpiste, quel mot étrange quand on y réfléchit. Dans le dictionnaire on peut lire : “pêcheur se consacrant uniquement à la pêche de la carpe”…

De cette appellation émane pour certain une haine viscérale. Oui car c’est bien connu, entre les pêcheurs de carnassier et les pêcheurs de carpe c’est comme chien et chat. D’autres l’assimilent à de joyeux lurons passant du bon temps au bord de l’eau, d’autres encore ne comprennent tout simplement pas l’intérêt que suscite cette passion. On peut admirer les carpistes, comme on peut les maudire. Finalement la grande majorité de la population vit sa vie avec d’autres passions ou pas, mais combien savent vraiment ce que carpiste veux dire. Mes propres parents font partis de cette majorité. Malgré le fait qu’ils m’aient vu passer la plus grande partie de mon temps libre à la pêche, je crois bien qu’ils sont à des années-lumière de comprendre que la pêche de la carpe est un véritable mode de vie. J’en entends déjà certains dirent « il y va un peu fort ! ». Je ne prêcherais sans doute que des convertis mais laissez-moi vous laisser entrevoir ce que résonne le mot carpiste dans la tête d’un enfant devenu adulte, puis papa, avec comme fil conducteur la pêche… Et qui sait, peut-être que de nouvelles vocations naîtront.

L’insouciance

Qui ne regrette pas ces années où l’on découvre la vie sans se soucier du qu’en-dira-t-on et du lendemain. Cette pureté juvénile qu’est l’enfance nous construit année après année pour nous embarquer dans l’étrange aventure qu’est la vie. Je pense que le chemin qui mène vers l’âge adulte est bien plus important que nous voulons bien le croire. Chacun d’entre nous se construit sans même le savoir à travers les sensations, les odeurs, la tendresse, la violence, le partage, l’égoïsme, la transmission… La liste est longue, chaque personne a la sienne, et elle ne cesse de s’allonger qu’au moment de la mort.

Je fais partie de ceux, qui enfant, ont eu la chance de connaitre ses grands-parents. Leur regard apaisé sur la vie est rassurant. Malgré tout, on peut entrevoir un regard d’enfant avec une peau marquée par les années. Peut-être notre propre reflet d’enfant dans leur regard finalement. L’insouciance est une période trop courte dans la vie mais oh combien créatrice de rêves…

La découverte

Je ne sais pas vraiment comment tout cela à commencer. J’ai juste quelques souvenirs, quelques impressions, quelques rigolades encrées dans ma mémoire. Chaque moment, si insignifiant soit-il sur le coup, nous guide vers la passion. La nature m’a vu grandir, elle m’a offert de pouvoir lire en elle. La rencontre avec sa faune et sa flore, ces parfums, ces ambiances. Toutes ces choses qui marquent et guident au respect de celle-ci. Un grand-père chasseur et un autre pêcheur m’auront nourri de toutes ces connaissances qui aident à prendre le temps de regarder et d’admirer des choses aussi simples qu’un coucher de soleil. Mais voilà, une chose plus attirante et plus mystérieuse que les autres commença à m’interpeller. Les poissons. Une canne en bambou, un nylon vieux comme Erode, quelques plombs grossiers, une plume et un hameçon. L’attirail le plus élémentaire pour pratiquer les prémices de ma future obsession.

j’ai toujours aimé la pêche au coup

Muni d’un morceau de pain, je pouvais enfin entrevoir la richesse qui se cache sous la surface du canal bordant la maison de mon enfance.

Piqué au vif

Quand on commence à ne penser qu’a une seule chose, dont on ne prend pas conscience petit, mais une véritable obsession s’installe. Plus rien n’a vraiment d’importance, si ce n’est être au bord de l’eau. Partager les grandes journées d’été avec des copains à remplir des bourriches de poissons blancs est l’un des meilleurs souvenirs de mes jeunes années. En grandissant j’ai compris tout doucement que quand pour certains la pêche est juste agréable quelques jours par-ci par-là, de mon côté je trouvais inconcevable de ne pas aller à la pêche dès que j’avais du temps de libre. Malgré tout, l’amitié à cet âge est simple et pur, et il faut bien l’avouer, passer du temps à construire des cabanes, taper dans un ballon… bref tout ce que l’on peut faire enfant à la campagne j’y ai pris le plus grand plaisir. Mais voilà,  peu importe ce que je faisais, l’eau n’était jamais loin de moi…

Je suis carpiste !?

Les années sont passées tellement vite et j’ai été tant obnubilé par les poissons blancs et carnassiers que je ne me suis vraiment intéressé à la carpe qu’à partir de ma deuxième décennie. Une nouvelle fois, je ne savais pas que mon esprit allait de nouveau être envoûté.

Car la sensation inédite d’un détecteur qui se met à siffler à tue-tête lors d’un départ, m’a littéralement subjugué ! Le matériel, les appâts, les techniques, l’observation… Tout un monde nouveau et intéressant s’ouvrait alors à moi. Des heures et des heures le nez dans les magazines, les vidéos pour tâcher d’apprendre cette nouvelle pêche. Et voilà l’histoire qui se répète à nouveau… Autour de moi des amis participent volontiers à quelques sessions ici et là, mais personne n’est assez embarqué dans cette passion pour partager toutes ces heures à explorer de nouveau terrain de jeux !

Je vais être papa d’un garçon !

30 ans, l’âge auquel j’ai eu le plaisir de voir naître mon petit garçon. Voici l’aboutissement de la passion qui s’offre à moi. La transmission ! C’est très binaire comme raisonnement, mais je pense que chaque garçon ayant une passion souhaite pouvoir la transmettre à ses descendants. Je lui laisserais bien évidement la liberté de vivre sa vie comme il le souhaite et choisir ce qu’il aime. Car on est tous des êtres uniques et nos chemins, d’une génération à une autre, ne peuvent pas forcément nous faire aimer les mêmes passions.

Un bed, 2 cannes, une rivière… la liberté !
Balade familiale = lecture de la nature

Cela dit, il est évident que malgré tout, baignant tellement dans l’univers de la carpe, je ne peux qu’entraîner mon fils à me suivre dans mes aventures. Certes, j’ai beaucoup de chance d’avoir une compagne compréhensive car sans cela, j’ai bien peur que je perdrais du temps précieux passé proche de mon fils. D’une part l’obsession d’aller retrouver les berges chaque week-end, d’autre part, l’envie de passer du temps en famille. Dès son plus jeune âge, mon p’tit gars était déjà au bord de l’eau avec ma compagne et moi pour mon plus grand bonheur.

Partage multi-générationnel avec mon fils et un ami qui souhaitait attraper une carpe

Transmission

Tout doucement les choses se font et je peux petit à petit le familiariser avec mon univers. Sa curiosité s’est d’abord orientée sur mes pots de pop-up. Les couleurs et les odeurs diverses et variées sont un attractives aussi bien pour nos chers bambins que pour les carpes !

Capture d’un poisson incroyable, en présence de mon fils

Quand je suis en train de préparer ma pêche du week-end, il est avec moi comprenant doucement que les graines qui cuisent sont pour les poissons. A deux ans j’ai senti que je pouvais commencer à lui faire porter de petites carpe en gardant à l’esprit de faire attention au bien être de celles-ci bien sûr.

Le bonheur est dans la pêche

Ceci dit, je garde en tête que je dois lui donner les armes pour comprendre ce qu’est la pêche pour moi avant de lui apprendre comment il est possible de piéger des carpes. De longues balades au bord de l’eau et dans la nature me semblent tout aussi importantes pour qu’il assimile l’importance de notre chère nature. Bref, ne surtout pas griller d’étape et apprendre à respecter la nature me semble aujourd’hui bien plus important que de lui montrer comment je monte une bouillette sur le cheveu de mon bas de ligne par exemple. Mon fils a aujourd’hui 3 ans, apprend les prémices de la pêche à la ligne, l’amorce, les asticots, bref le voilà au début de la découverte.

La base

La route sera longue et sera celle qu’il tracera, mais au fond de moi, j’espère juste réussir à lui faire comprendre pourquoi je passe autant de temps au bord de l’eau et en lui souhaitant de vivre un vie aussi enrichissante et passionnée que la mienne.

Fier avec sa jolie perche – L’apprentissage

Epilogue

Cette histoire est somme toute assez banale et énormément de monde aura pu s’y reconnaître je pense. Il m’a tout de même paru important de vous faire part de mon petit vécu pour essayer de faire passer un message. Nous sommes tous des êtres uniques avec nos qualités et nos défauts. Donc, que l’on aime les enduros, les étangs payants, le wild… chacun doit vivre sa passion comme il l’entend sans juger son prochain.

“Que l’on aime la pêche ou pas, la chose la plus importante à mes yeux, et encore plus depuis que je suis devenu papa, est le respect !

Très impliqué dans ce moment particulier

Le respect entre carpistes est très souvent mis à mal. Je tombe toujours des nues quand lors d’une session, d’autres carpistes viennent se placer à côté de moi et lancent leurs lignes sur mes spots. Combien de fois je trouve des amas de poubelles au bord de l’eau… Bref, je ne vais pas énumérer une liste interminable. J’aimerais juste que par ce récit, chacun d’entre nous comprenne que la pêche de la carpe n’est pas une compétition. C’est juste un loisir simple et pur, qui permet d’admirer notre si belle nature et de partager de bons moments avec les gens qu’on aime.

Fin de sieste pour mon fils, une touche pour moi = moment partagé
Le printemps, ma saison préférée où tout renaît – Transmission
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